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168. (1700) IV. Sermon des spectacles, comedies, bals, etc. [Sermons sur tous les sujets de la morale chrétienne. Cinquiéme partie] « IV. Sermon des spectacles, comedies, bals, &c. » pp. 95-126

Augustin, se sont déchaînez avec juste raison, & ont employé toute la force de leur éloquence à les décrier ; pendant que l’Eglise les a condamnez par ses Canons, & prononcé Anathême contre les Spectateurs. […] Comme la passion qu’on a pour ces sortes de choses est naturelle & violente, on s’efforce aussi de la justifier par toutes les raisons, que l’amour propre ne manque pas de suggerer ; jusque-là qu’à moins de rendre absolument criminels tous les divertissemens, de quelque nature qu’ils puissent être, on croira toûjours que ceux-cy doivent être comptez entre les plus innocens. […] En voulez-vous sçavoir la raison ? […] Mais enfin, il me semble que j’entends quelqu’un qui me dit, que toutes ces raisons ne le regardent point, qu’il se connoît assez pour ne point apprehender les mauvaises impressions que cela peut faire, qu’il luy reste encore assez de temps aprés avoir vaqué à ses devoirs & à ses affaires, pour le donner à quelque divertissement, & qu’il n’est pas d’un rang si distingué, que son exemple puisse authoriser les desordres que les autres y peuvent commettre ; & pourquoy donc, dira-t-il, m’interdire un divertissement que nous ne voyons pas défendu par les Lois ni divines, ni humaines ? […] Ainsi comme l’on tient un livre pour dangereux, lorsqu’à la faveur de quelques sentimens Orthodoxes, qui y sont bien touchez & répandus çà & là, on en fait couler d’autres qui sont impies ou suspects ; parce qu’on juge avec raison, que c’est un serpent caché sous des fleurs, & que le venin, sans cet artifice, en seroit sans effet ; pourquoy n’en diroit on pas le même de ces Tragedies, où le profane est confondu avec le sacré, & où les maximes les plus opposées au Christianisme sont mises en la bouche de ces Chrétiens de Theâtre, qui soutiennent si mal le personnage qu’ils representent ?

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