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139. (1781) Réflexions sur les dangers des spectacles pp. 364-386

Quand la raison cède et n’a plus d’empire sur les sens, comment persuadera-t-elle à une jeune personne, de trancher dans le vif, de se priver d’un plaisir qui entraîne ? […] Venez poètes profanes et idolâtres, venez contraster avec les Chrétiens ; venez nous communiquer des lumières que la raison avoit distribuées parmi vous, qu’après vous le Christianisme a répandues avec tant de profusion sur la terre, et qui s’éteignent à mesure qu’il s’éteint lui-même parmi nous. […] Voyez si la ruine de l’un n’a pas toujours produit l’élévation de l’autre, si en raison parfaitement inverse, le déclin de l’un n’a point été la mesure de l’accroissement de l’autre. […] « Mais qu’est-il besoin d’exemples et de faits dans une matière où la simple raison déploie toutes ses lumières, où la nature même de l’homme, la trempe et la constitution de son cœur déposent contre les effets funestes du théâtre ? […] La satiété des jouissances déraisonnables concourt à rétablir les droits de la raison ; l’excès du mal ramène vers le bien ceux même qui ne distinguent plus l’un de l’autre.

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