Loin de l’exciter en soi et dans les autres, il faut au contraire faire des efforts continuels pour la contenir dans les bornes que la raison et la religion lui ont prescrites. […] Mais il y a encore une raison plus grave et plus chrétienne qui ne permet point d’étaler la passion de l’amour, même par rapport au licite ; c’est que le mariage présuppose la concupiscence, qui, selon les règles de la foi, est un mal auquel il faut résister, contre lequel par conséquent il faut armer le chrétien. […] on ne règle pas après coup les mouvements du cœur sur les préceptes de la raison ; on n’attend pas les événements pour savoir quelle impression on doit recevoir des situations qui les amènent : car, si les poètes sont les maîtres des passions qu’ils traitent, ils ne le sont pas des passions qu’ils ont émues. […] On se sent attendrir, on verse des pleurs en dépit de soi, on oublie tout, on oublie sa raison et son propre cœur. […] [NDE] Philippe-Louis Gérard, Le Comte de Valmont, ou les égarements de la raison, Paris 1777, vol. 2, p. 130-133.