Turenne d’un coup de canon sur le champ de bataille, c’étoit son théatre, Moliere d’une attaque d’apoplexie sur le théatre, c’étoit son champ de bataille, chacun jouoit son rôle. […] Tout le monde applaudit, la piéce est reçue d’une voix unanime, sans en avoir entendu la lecture ; mais, dit l’acteur méchamment, ou si l’on veut modestement, ce n’est qu’un canevas dont les rôles doivent être remplis à l’improviste. […] tout est à sa place, on n’a aucun besoin d’évocation ni de magicienne ; mais qui en fera le rôle, dit l’actrice ? Fanier, vous-même, dit Galant le poëte, c’est un vilain rôle que celui de vieille sorciere ; mais il l’embellit tendrement, la jeunesse & la beauté donneront des charmes à la vieillesse, il oublie que ce sera contre le costume que la jeunesse & la beauté défigureront le rôle de vieille sorciere ; mais au théatre le plus important costume, c’est de conter fleurette aux actrices. […] Ce n’est que depuis peu de tems que le théatre se donne un air d’importance, & que ses antousiastes divinisent tout ce qui y joue un grand rôle, c’est surtout à l’Académie Françoise que Moliere est redevable de sa tardive fortune, après un siécle de mépris & d’oubli.