On y voit les plus grands crimes flattés & déguisés d’une maniere à les faire aimer ; les passions les plus dangereuses ménagées avec art pour les faire plus aisément entrer dans le cœur, soutenues d’ailleurs par des exemples illustres & par d’heureux succès ; tout cela est exposé aux yeux des spectateurs par des personnes parées fort immodestement, qui donnent aux maximes pernicieuses qu’elles débitent dans les rôles qu’elles jouent, tout l’agrément du chant & de la déclamation, & qui ne prennent peut-être que trop souvent les passions qu’elles semblent feindre, ou du moins qui ne travaillent qu’à les inspirer aux autres. […] Ils sont assurés de faire finir celles de leur héros & de leur héroïne avec le cinquiéme acte, & que les comédiens ne diront que ce qui est dans leur rôle ; mais le cœur émû par cette représentation n’a pas les mêmes bornes, il n’agit pas par mesure : dès qu’il se trouve attiré par son objet, il s’y abandonne selon toute l’étendue de son inclination ; & souvent après avoir résolu de ne pousser pas les passions plus avant que le héros de la comédie, il s’est trouvé bien loin de son compte.