Dire, comme certains critiques, peut-être un peu sévères, que l’ouvrage ne doit son succès prodigieux qu’aux agréments et aux talents personnels de l’actrice aimable qui, dans la capitale, en remplit le rôle principal, ce n’est pas être juste envers les auteurs. […] Le rôle de Sainte-Luce peint bien le caractère d’un aimable étourdi qui peut plaire à beaucoup de monde ; il est au-dessus de celui du Colonel, que sa passion rend quelquefois fade et langoureux. […] Cependant, essayons de corriger la pièce, de donner à Fanchon des vertus moins gigantesques, de la placer dans une société moins familière, et qui, au fond, rende ses mœurs moins suspectes ; de donner à Sainte-Luce moins de légèreté et plus de respect pour l’autorité paternelle ; de donner à la fille de Bertrand un peu plus d’usage du monde, et moins de simplicité dans les mœurs ; au Colonel moins de chaleur et de générosité au moment où il entend parler d’un cartel ; enfin, retranchons du rôle de Latteignant ce qui blesse les convenances et les obligations de son état, l’ouvrage ne sera pas supportable à la représentation. […] NDA Si le Tartuffe a fait un honneur infini à l’auteur, qui en a si bien peint le caractère odieux ; si ce rôle à l’époque où la pièce a paru, c’est-à-dire sous un Prince ami de la véritable piété, était propre à signaler ceux qui en prenaient le masque à la cour pour mieux en imposer à la crédulité des hommes de bien ; ce rôle et la pièce elle-même, n’ont plus aujourd’hui d’objet réel.