J’ai donc douté, Monsieur, si ce n’était pas quelqu’un de ces Docteurs scéniques qui eût voulu nous donner son rôle par écrit, et réjouir ainsi le Public par une espèce de Comédie, où la Comédie serait jouée elle-même, en la canonisant en apparence : et j’ai même mieux aimé me laisser aller à ce dernier sentiment, afin d’avoir lieu d’égayer un peu la matière en certains endroits, et de vous moins ennuyer par les réflexions que je prétends faire sur toutes les parties de cette Lettre, et dont quelques-unes seront assez sérieuses. […] Après cela, Monsieur, il n’y a plus qu’à lui donner audience, et à voir de quelle manière il exécute son rôle : je le suivrai pas à pas, et ferai remarquer toutes ses allures par quelques réflexions. […] C’était ici l’endroit où le Docteur pouvait finir son rôle ; mais il le pousse encore plus loin : « Voulant aussi, dit-il, examiner les précautions avec lesquelles les Docteurs permettent que l’on aille à la Comédie. » Il dit donc, « que suivant saint Thomas, saint Bonaventure, saint Antonin et Albert le Grand, il faut dans les jeux prendre garde à trois choses : la première, qu’on ne cherche pas le plaisir dans des paroles ou dans des actions déshonnêtes ; la seconde, qu’en voulant donner quelque relâche à l’esprit, on ne perde point la gravité et l’harmonie de l’âme ; et la troisième, que les jeux conviennent aux personnes, aux lieux et aux temps. […] Tout ce qu’il pourrait prétendre en Italie, suppose qu’il y jouât, ce serait peut-être en finissant son rôle de recevoir quelques applaudissements de la part de la canaille du parterre, et d’entendre crier, comme on fait en ce pays-là : « Viva viva il Dottore, viva. » On ne l’empêchera pas d’aller savourer ces acclamations en Italie.