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22. (1781) Réflexions sur les dangers des spectacles pp. 364-386

Venez poètes profanes et idolâtres, venez contraster avec les Chrétiens ; venez nous communiquer des lumières que la raison avoit distribuées parmi vous, qu’après vous le Christianisme a répandues avec tant de profusion sur la terre, et qui s’éteignent à mesure qu’il s’éteint lui-même parmi nous. […] On verroit des pères et des mères de famille répandre des larmes amères sur l’impossibilité d’allier l’état de leur maison avec la dépense journalière des spectacles, où par une réunion fatale de frais dans un seul objet, le luxe de la parure, le faste bruyant des voitures, et le prix souvent excessif d’une stérile jouissance, absorbent des ressources improportionnelles à ce dévorant plaisir. […] Le poison qu’il exhale, remplit l’espace qui sépare les deux pôles, sa propagation se répand par mille voies ouvertes qui en ouvrent mille autres, et les calculs gradués de cette effrayante multiplication de victimes, épuisent pour ainsi dire l’effort des combinaisons géométriques. […] Avant que ces foyers de l’infection générale soient anéantis, il seroit aussi raisonnable de songer à purifier le sang humain, que de se flatter d’arrêter les ravages de la peste eu lui laissant une pleine liberté de répandre et de renforcer son poison. […] Quand l’ame une fois est épanchée et répandue hors d’elle-même, elle prend de la haine contre tout ce qui pourroit l’y faire rentrer.

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