/ 267
36. (1692) De la tragédie « De la tragédie ancienne et moderne. » pp. 148-162

On n’a jamais vu tant de règles pour faire de belles Tragédies, et on en fait si peu qu’on est obligé de représenter toutes les vieilles. Il me souvient que l’Abbé d’Aubignac en composa une selon toutes les lois qu’il avait impérieusement données pour le Théâtreb ; elle ne réussit point ; et comme il se vantait partout d’être le seul de nos Auteurs qui eût bien suivi les préceptes d’Aristote ; « Je sais bon gré à M. d’Aubignac, dit Monsieur le Prince, d’avoir si bien suivi les règles d’Aristote : mais je ne pardonne point aux règles d’Aristote d’avoir fait faire une si méchante Tragédie à M. […] Avec les bons exemples que nous donnons au public sur le Théâtre ; avec ces agréables sentiments d’amour et d’admiration, discrètement ajoutés à une crainte et à une pitié rectifiées, on arrivera chez nous à la perfection que désire Horace : « Omne tulit punctum qui miscuit utile dulci » ; k ce qui ne pouvait jamais être selon les règles de l’ancienne Tragédie.

/ 267