/ 365
93. (1765) Réflexions sur le théâtre, vol. 3 « Chapitre I. Est-il à propos que la Noblesse fréquente la Comédie ? » pp. 3-19

Néron, ce monstre de cruauté, de débauche et d’extravagance, est un monument effrayant des funestes effets du théâtre sur les personnes les plus éminentes, les mieux élevées, et douées des plus grandes qualités. […] Ce n’est pas apparemment à l’école des Italiens, de l’Opéra, de Molière, de Poisson, de Dancourt, etc. qu’on voudra former les Princes : le beau Mentor que celui du Prince de Tarente dans la Princesse d’Elide de Molière, qui n’emploie son ascendant et sa qualité de gouverneur qu’à lever les scrupules d’un élève plus sage que lui, à lui inspirer de l’amour, et lui en aplanir les routes auprès de sa maîtresse ! […] Il faut que vous soyez plus fou qu’eux d’applaudir aux extravagances des Patriciens, d’écouter les rôles que jouent les Fabiens, de rire des soufflets que se laissent donner les Mamerques : « Nec tamen ipsi ignoscas populo, populi frons durior hujus qui sedet et spectat hiscania Patriciorum, planipedes audit Fabios, ridere potest qui Mamercorum alapas. » N’a-t-on pas vu Gracchus se battre effrontément et à visage découvert, sans même cacher les marques de sa qualité, sa veste dorée, ses riches cordons, fuyant à toute jambe dans l’arène ?

/ 365