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104. (1760) Lettre à M. Fréron pp. 3-54

Que deviendront ces incrédules, si lorsque l’on perd tout espoir d’en faire des Chrétiens, on veut encore supprimer un moyen qui pourrait les rendre honnêtes gens ; un moyen par lequel la morale la plus pure est exposée d’une façon à germer dans tous les cœurs quelle que soit leur façon de penser en matière de Religion. […] On me dira peut être encore que je pouvais prendre une profession subalterne mais pure aux yeux du Christianisme. […] Excepté le mal dont notre propre corruption est la source, je ne reconnaîtrai jamais d’autre principe universel que Dieu ; et je puis, je crois, sans pécher contre la Religion le regarder comme le principe d’un amour pur et délicat. […] S’il manque quelque chose à la perfection poétique de la Scène Française, je ne prétends pas en faire conclure qu’il manque quelque chose à sa perfection morale ; quelque nouvelle forme que l’on donne au spectacle on ne pourra le faire avec des intentions plus pures que celles qui dirigent aujourd’hui la plume de nos Auteurs.

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