On voit dans les écoles de peinture ce qu’on appelle modele ; c’est-à-dire, une femme qui, pour de l’argent, se prostitue sans pudeur (selon l’expression de Tertullien) aux regards des maîtres & des éleves, & de tous les spectateurs qui peuvent s’y trouver, dans l’état le plus infâme, & dans toutes sortes d’attitudes, afin qu’on apprenne à les dessiner & à les peindre, comme dans les théatres d’anatomie on étale les corps qu’on disseque. […] Et qui ne fait qu’il peche, s’il peint ce que la pudeur défend de montre ? […] Les loix de la pudeur sont-elles moins faites pour eux, & n’ont-ils pas à rendre compte au souverain Juge de leurs désirs & de leurs pensées ? […] Je demande à M. de Saint-Lambert s’il y a de la pudeur, de la probité, de l’honneur, non-seulement d’un homme de condition comme lui, mais d’un honnête homme, de comparer les évêques, les curés, les moines à des prêtres idolâtres, qui chaque année égorgeoient des milliers de victimes humaines, dont ils arrachoient le cœur pour l’offrir à leur Dieu. […] La veuve du libraire Duchesne, moins délicate, quoique la pudeur soit le partage de son sexe & celui d’une veuve chrétienne, vient d’imprimer ces mémoires obscènes dans le recueil des discours de cet écrivain licencieux : elle auroit pu lui épargner cette tache, & se l’épargner à elle-même.