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59. (1789) Lettre à un père de famille. Sur les petits spectacles de Paris pp. 3-46

Comme le mépris qu’on a en France pour la profession de comédien est double pour ceux des Théâtres subalternes, ils s’embarrassent peu de montrer de la pudeur et de la retenue, de quoi on ne leur tiendroit pas compte. […] Il est tellement de l’essence de ces vils Spectacles que la pudeur y soit offensée, et les auteurs y sont si fidèles à suivre ce principe, que jusques dans les pièces qui semblent avoir un but moral, comme par exemple dans le fou raisonnable et dans le nouveau Parvenu, il y a toujours la part de la canaille. […] Mais il s’agit bien d’un autre intérêt ; il s’agit d’un nouveau degré de futilité ajouté au caractère national, d’un esprit de bouffonnerie, devenu l’esprit de tout le monde, et qui consiste moins encore à découvrir le ridicule où il est, qu’à le supposer où il n’est pas ; travers funeste, dont l’influence combinée avec tant d’autres causes, telles, par exemple, que la fureur de philosopher tend à détruire tous les principes sur lesquels sont fondés la pudeur, l’amour conjugal, l’attachement des pères pour leurs enfans, et celui des enfans pour leur père, le respect dû à l’âge avancé, &c. […] Tout n’est pas perdu, s’il reste de la pudeur.

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