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32. (1843) Le Théâtre, par l'Auteur des Mauvais Livres « Le Théâtre. » pp. 3-43

Comment peut-on soutenir, sans péché, des pièces, où la vertu et la piété sont toujours ridicules, la corruption toujours excusée et toujours plaisante, et la pudeur toujours offensée, ou toujours en danger d’être violée par les derniers attentats, par les expressions les plus impudentes, à qui l’on ne donne que les enveloppes les plus minces. […] « N’est-il pas bien cruel, dit un apologiste du théâtre, que les auteurs de Cinna, d’Héraclius, de Phèdre (Corneille et Racine), aient été fondés à verser des larmes d’un juste repentir. » Bossuet se sert du témoignage de Racine pour prouver que la représentation de ses tragédies est dangereuse à la pudeur. […]  » Nos spectacles nous ont appris à ne plus rougir des passions, dit l’illustre d’Aguesseau, les charmes des spectacles et les actions qui y sont représentées, étouffent peu à peu les remords de la conscience, en apaisent les scrupules et en effacent insensiblement cette pudeur importune. […] où il est parlé, tantôt d’un projet d’enlèvement, — tantôt d’une conquête adultère, — d’un duel d’amour — où le Ciel exauce des vœux criminels, où «  le bonheur est dans l’inconstance, » — où dans une romance amoureuse on invoque la Sainte Vierge pour protéger des amours impures ; où l’on apprend à braver le sacrilége ; où une danse voluptueuse de nonnes alarme la pudeur et la religion ; où l’on trouve l’excès, la vengeance et le désespoir de l’amour, et Dieu invoqué au milieu d’impures alarmes ; où enfin après toutes ces intrigues une cathédrale avec le sanctuaire du Dieu trois fois saint est réprésentée ou plutôt profanée sur le théâtre. […] Il regarde la musique et la danse, qui en sont l’âme, comme des écueils où la modestie et la pudeur échouent presque toujours.

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