Toute l’autorité publique eût bien de la peine à interrompre les spectacles dans un si grand malheur. […] Si Madame de Maintenon qui avoit contribué à l’en éloigner, avoit voulu l’y ramener, elle eût combattu ses propres principes, & détruit ses exhortations : elle imagina d’avoir un théatre chez elle, où le choix des piéces, ma décence des représentations, la pieté des acteurs & des actrices, écartant les dangers des spectacles publics, pussent calmer les allarmes que donne la vertu. […] Cir, pendant la vie du Roi, il ne fut pas permis au théatre public de les representer : c’eût été une profanation ; après la mort de Louis XIV. elles furent abandonnées au public ; personne n’en fut jaloux. […] & le public, & chaque homme sont pleins de contradiction. […] Il appretie Moliere avec justice, il contribua à défaire le public des importuns subalternes (les petits maitres) de l’affectation des précieuses, du pédantisme des femmes scavantes, de la robe & du latin des médecins, & fut un législateur des bienséances du monde ; mais cette saine morale, cette école de vertu, cette réforme des mœurs qu’on veut donner à Moliere, fait rire, ou plutôt fait pitié ; on plaint l’aveugle qui le croit ou l’avance, & le public qui est la victime de son libertinage.