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61. (1763) Réflexions sur le théâtre, vol. 2 « Chapitre VII. De l’infamie canonique des Comédiens. » pp. 153-175

Après quelque temps d’habitation, Gervais dégoûté de sa femme, et la Duclos de son mari, et traitant leur mariage comme ceux de la comédie, ont l’impudence de demander à le rompre, et d’en appeler comme d’abus, sur ce qu’ils n’ont pas été mariés par le Curé de leur vrai domicile : comme s’il était permis à quelqu’un de ne pas savoir sa propre demeure, de tromper un Curé par un faux domicile, de se jouer d’un sacrement, de le faire servir à couvrir un concubinage ; et ensuite dévoilant sa propre turpitude et sa mauvaise foi, vouloir la faire servir à rompre les engagements les plus solennels. […] Ces procès ont fait naître deux questions de droit importantes. 1.° Les Comédiens de province sont des vagabonds qui courent de ville en ville ; ils n’ont point de domicile fixe, ils sont habitants de la terre ; leur demeure, comme la scène de la pièce, est partout ; ils n’ont point de propre Curé. […] Lorsque le demandeur en cassation est auteur du défaut sur lequel il la fonde, comme Gervais et la Duclos, est-il recevable à profiter de sa mauvaise foi pour revenir contre son propre fait ? […] C’en est une des plus importantes de ne pas admettre une personne infâme à alléguer sa propre turpitude, et à se faire elle-même le procès, pour revenir contre son propre fait, et détruire son propre acte, par des moyens que sa mauvaise foi a préparés, afin de profiter de la cassation, pour favoriser sa débauche.

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