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345. (1760) Lettre à M. Fréron pp. 3-54

Rousseau, que cet homme apporte son oisiveté dans nos salles de Spectacles et qu’il occupe à rire de ses propres vices, le temps qu’il pourrait donner à les satisfaire, il est certain que la privation du spectacle ne l’engagera pas à courir aux temples pour y consommer ses loisirs, il est donc très sage d’applaudir à un moyen tout trouvé de l’empêcher d’abuser de ce loisir, et qui le distrait assez de ses penchants, pour l’empêcher de faire du mal. […] Quoi de plus naturel cependant que ces vers dans la bouche de l’Acteur qui les prononce ; au lieu de faire une allusion absurde, un bon Chrétien ne verrait dans ces mêmes vers qu’une pensée heureuse et très propre à démontrer l’imbécilité de la crédulité Païenne. […] J’en appelle aux gens de bon sens : je leur demande si une éducation un peu suivie inspire beaucoup de goût pour l’esclavage rebutant d’une profession Mécanique ; s’il n’est pas sage, prudent et même religieux de s’adonner à ce à quoi on est le plus propre, s’il n’est pas du devoir d’un fils d’être pressé d’ôter à sa famille dont il a autant lieu de se louer que je l’ai de la mienne, le fardeau de son entretien. […] Excepté le mal dont notre propre corruption est la source, je ne reconnaîtrai jamais d’autre principe universel que Dieu ; et je puis, je crois, sans pécher contre la Religion le regarder comme le principe d’un amour pur et délicat.

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