L es partisans du Comédien, pour lui accorder une considération qui ne lui est pas dûe, se fondent sur l’esprit de discussion & d’analyse qu’ils prétendent lui être nécessaires ; sur l’intelligence qui doit lui découvrir tous les rapports de son rôle, ceux des autres rôles avec celui-là, & ceux de tous ces rôles avec l’objet principal du Poëme ; sur les finesses de son art, sur les coups de théatre que le Comédien tir de son propre fond, sur la grandeur d’ame, & les entrailles essentielles à l’Acteur tragique ; sur la déclamation & les bienséances scrupuleuses qu’ils ont seuls introduites au Théatre, & sur la profonde connoissance qu’ils en ont. […] Elle fixe le génie sur les objets propres à le faire éclatter. […] C’est à ces traits d’indépendance & de souveraineté qu’on reconnoit l’intelligence propre aux Sciences & aux beaux Arts. […] Si ces Grands Hommes sont supérieurs en lumières au Comédien, pourquoi leur refuseroit-on une plus parfaite connoissance de leurs propres ouvrages ?