Car qu’y a-t-il de plus propre et de plus particulier à la Comédie, qui ne consiste qu’en des paroles et en des actions risibles et ingénieuses, qui font plaisir et qui délassent l’esprit ? […] « Vous ne vous attendez peut-être pas, dit-il à son Ami, en lisant du premier abord ma proposition, que je vous la veuille prouver par l’autorité des Pères : cependant à la bien examiner, c’est leur propre sentiment, et celui même de Tertullien et de saint Cyprien, qui sont les deux qui semblent s’être le plus déchaînés, contre la Comédie.» […] Et peut-on après cela tirer quelque avantage en faveur de la Comédie d’aujourd’hui, de ce que saint François de Sales a dit des Comédies qu’il a supposé honnêtes, mais qu’il a néanmoins toujours représentées « comme dangereuses, et comme propres à dissiper l’esprit de dévotion, à refroidir la charité, et à réveiller en l’âme mille sortes de mauvaises affections ? […] Mais les Gens de qualité avaient coutume de faire venir chez eux quelque habile Comédien, qui exerçait leurs enfants par des déclamations de Pièces choisies et propres à les former aux emplois auxquels on les destinait. […] Si les Comédiens ne cessent donc point de jouer à Paris, ce n’est pas une marque de l’approbation que Monseigneur l’Archevêque leur donne, mais bien un effet de leur désobéissance aux Ordres de l’Eglise, et d’un aveuglement pitoyable qui leur fait préférer un métier infâme, et l’intérêt d’un gain sordide, à une bonne renommée et à leur propre salut.