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129. (1694) Réponse à la lettre du théologien, défenseur de la comédie « Réponse à la lettre du théologien, défenseur de la comédie. » pp. 1-45

Celui qui parle comme ne s’appuyant que sur ses propres forces, comme tirant de lui-même la plus pure vertu et le bonheur le plus parfait, qui transporte à la Créature ce qui est dû au Créateur, est-il exempt de blasphème et d’adultère dans l’école du Théologien ? […] Il n’est pas difficile de concevoir que dans cette disposition générale du genre humain ceux qui ont eu le cerveau propre à recevoir des images vives et nettes ont eu beaucoup d’avantage sur les autres : aussi ne les ont-ils pas épargnés, et ils ont su donner à leurs Critiques tant de différents tours, que ceux mêmes qui en étaient l’objet ne s’y sont pas reconnus, et qu’il a été facile de les assembler pour les jouer en leur présence. […] Il débite des paradoxes, et au lieu de faire de la Comédie un divertissement agréable, comme il la toujours considérée, il en fait un exercice de contention, capable de rebuter les esprits les plus fermes et les plus propres à résister à leurs mouvements. […] Qu’un homme quitte l’habit de Prêtre, ou de Religieux pour prendre celui d’un Bateleur ; et représenter, en mascarade un Saint qui est dans la gloire, cela n’est que ridicule ; mais que des âmes rachetées du Sang de Jésus-Christ, destinées à la mortification et à la pénitence enfantent un attirail propre à corrompre les cœurs, et s’arment, pour ainsi dire, contre la Croix et l’Esprit de Jésus-Christ, c’est l’excès de l’abomination. […] A l’égard des expressions de quelques Docteurs, dont le Théologien et les « honnêtes gens » pour lesquels il écrit se plaisent à abuser, il est à remarquer que l’homme n’étant pas capable d’un travail continuel, tous les saints Pères demeurent d’accord qu’il a besoin d’amusements, ou de quelques jeux propres à délasser l’esprit.

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