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57. (1667) Lettre sur la Comédie de l'Imposteur « Lettre sur la Comédie de l’Imposteur » pp. 1-124

Après avoir exposé ce beau projet, il vient au Bigot de plus près, et avec la plus grande humilité du monde, et tremblant d’être refusé, il lui demande fort respectueusement, « s’il n’acceptera pas l’offre qu’il lui propose ». […] Il fait lui dire plusieurs choses d’un ton et d’une force différente par les diverses personnes qui composent la compagnie, pour le faire répondre à toutes selon son but ; même pour le faire davantage parler, il le fait proposer et offrir une espèce de grâce, qui est un délai d’exécution, mais accompagné de circonstances plus choquantes que ne serait un ordre absolu. […] Conclusion, à ce que disent ceux que les bigots font passer pour athées, digne d’un ouvrage si saint, qui n’étant qu’une instruction très chrétienne de la véritable dévotion, ne devait pas finir autrement que par l’exemple le plus parfait qu’on ait peut-être jamais proposé, de la plus sublime de toutes les Vertus évangéliques, qui est le pardon des ennemis. […] Je veux dire qu’une femme qui sera pressée par les mêmes raisons que Panulphe emploie, ne peut s’empêcher d’abord de les trouver ridicules, et n’a garde de faire réflexion sur la différence qu’il y a entre l’homme qui lui parle et Panulphe, et de raisonner sur cette différence, comme il faudrait qu’elle fît, pour ne pas trouver ces raisons aussi ridicules qu’elles lui ont semblé, quand elles les a vu proposer à Panulphe. […] Que le sentiment du Ridicule soit le plus froid de tous, il paraît bien, parce que c’est un pur jugement plaisant et enjoué d’une chose proposée : or il n’est rien de plus sérieux que tout ce qui a quelque teinture de passion ; donc il n’y a rien de plus opposé au sentiment passionné d’une joie amoureuse, que le plaisir spirituel que donne le Ridicule.

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