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86. (1675) Entretien sur les tragédies de ce temps pp. 1-152

Quoique l’Hôtel de Bourgogne n’ait été donné aux Comédiens que pour représenter des Histoires saintes, je ne crois pas que ces Messieurs voulussent reprendre aujourd’hui leur ancienne coutume, ils se sont trop bien trouvés des sujets profanes pour les quitter. […] Mais il me semble que je vous ai ouï dire autrefois que c’était abuser de la sainteté de notre Religion que de représenter l’Histoire des Saints sur un Théâtre profane ; et il me semble encore que vous approuviez l’Edit que l’on fit le siècle passé, pour défendre aux Comédiens de représenter la Passion de Notre Seigneur, et d’autres sujets semblablesac. […] Ne nous laissons point gouverner par une imagination déréglée, mais avouons de bonne foi que pour les noms et pour les choses l’histoire profane n’a nul avantage sur l’histoire Chrétienne. […] Si cette Histoire paraissait devant vous avec les ornements du Théâtre, vous n’auriez peut-être pas sujet de regretter les sujets profanes. […] Je sais bien que cela est permis dans les sujets profanes, mais j’en doute un peu pour les sujets Saints ; croyez-vous qu’un Poète puisse feindre l’Episode d’un Martyr qui ne serait point dans le Martyrologe ?

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