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22. (1770) La Mimographe, ou Idées d’une honnête-femme pour la réformation du théâtre national « La Mimographe, ou Le Théâtre réformé. — Seconde partie. Notes. — [C] » pp. 391-398

Or c’est ce sentiment que produit dans Sophocle le malheur d’Œdipe. […] Qu’on y joigne l’atrocité de l’action, avec l’éclat de la grandeur, ou l’élévation des Personnages, l’action est héroïque en même-temps & tragique, & produit en nous une compassion mêlée de terreur, (jointes à un sentiment qu’on pourrait presque nommer satisfaction) ; parce que nous voyons des hommes plus grands, plus puissants, plus parfaits que nous, écrasés par les malheurs de l’humanité. […] Ainsi la terreur & la pitié que la peinture des évènemens Tragiques excitent dans notre âme, nous occupent plus que le rire & le mépris que les incidens des Comédies produisent en nous. […] Leur supplice, si nous le voyions réellement, exciterait bien en nous une compassion machinale ; mais comme l’émotion que les imitations produisent n’est pas aussi tyrannique que celle que l’objet même exciterait, l’idée des crimes qu’un Personnage de Tragédie a commis, nous empêche de sentir pour lui une pareille compassion.

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