Machiavel, avec plus d’art, d’ordre & de suite, a mis en système le principe général, plus politique que chrétien, que les princes doivent tout sacrifier à leur intérêt fortune, honneur, vie des hommes, mœurs, religion, probité, bonne foi, pour régner sous les dehors de la vertu. […] Les Maires du Palais lui doivent l’élévation de la seconde race, Louis XI en suivoit les principes, Catherine de Médicis les poussoit encore plus loin, le cardinal de Richelieu en étoit le partisan, & jouoit autant les comédies politiques que celles qu’il faisoit composer par les cinq auteurs. […] Les objets sont différens, les armes ne sont pas les mêmes, mais c’est le même esprit la même fureur, les mêmes principes, les mêmes effets, par-tout un vrai Machiavélisme, comme parmi les animaux, les oiseaux se battent à coups de bec, les bêtes féroces se déchirent avec leurs griffes, les chiens mordent, les chevaux donnent des coups de pieds, les bœufs frappent à coups de cornes : c’est toujours l’instinct du Machiavélisme. […] Machiavel y ajoutoit un caractere caustique & malin qui l’embellissoit : il en fait un principe de la politique.