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390. (1666) La famille sainte « DES DIVERTISSEMENTS » pp. 409-504

Il leur laissait leur âme ; mais il la tenait comme en une prison perpétuelle, puis qu’il la privait de la liberté d’agir et de se produire au dehors : La mort leur eut été moins onéreuse, qu’une vie sans action ; si la mort n’a point de bien, elle n’a point de mal ; et une vie estropiée a du mal, et n’a point de bien : C’est une exercicej fort pénible de ne pouvoir rien faire, d’avoir le principe du mouvement, et de ne pouvoir faire un pas, d’être homme et d’être contraint de demeurer immobile, comme un tronc de bois ou un quartier de pierre. […] Personne ne s’y trouve qui n’y recueille dans son sein les principes de sa damnation : quel divertissement où chacune donne la mort à son ami, et plus l’amour est grand, plus le coup est assuré. […] Si nous voulons monter jusqu’au principe qui la doit justifier dans tous les esprits qui ont quelque teinture de la raison : Nous trouverons que Dieu créant l’homme pour être le Roi du monde, lui en donna tous les droits ; il l’établit souverain sur toutes les bêtes avec un plein pouvoir d’en disposer, comme il voudrait : Il est vrai que son péché leur a donné occasion de se révolter ; mais leur rébellion ne lui a rien ôté de ce que la nature lui donne : Quelque usage qu’il en fasse, pourvu que ce soit pour une bonne fin, et dans les termes de la prudence, il ne peut faillir : C’est ainsi que l’Ordre y est mis : Ce qui vaut moins, doit être sujet à meilleur que soi.

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