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200. (1757) Article dixiéme. Sur les Spectacles [Dictionnaire apostolique] « Article dixiéme. Sur les Spectacles. » pp. 584-662

La comédie ne peut passer pour un divertissement dans le Christianisme, ne pouvant avoir l’effet qu’il est permis d’y chercher ; car le Chrétien ne doit chercher qu’un simple délassement d’esprit, qui le rende plus capable d’agir chrétiennement : or, tant s’en faut que la comédie y puisse servir, vû qu’il n’y a rien qui rende l’ame plus mal disposée non-seulement aux principales occupations chrétiennes comme la priere, mais aux actions mêmes les plus communes, lorsqu’on les veut faire en esprit de Chrétien, c’est-à-dire, avec un esprit recueilli attentif à Dieu, qu’il faut tâcher, autant que l’on peut, de conserver dans les actions exterieures. […] Dites-moi quelle est la principale regle que se propose de suivre un Auteur, en consacrant sa plume à ces divertissemens profanes ? […] Ne dites donc pas que le théâtre n’émeut les passions, que par hasard & indirectement ; il faudroit changer la nature des choses pour avoir raison de le prétendre : tant que son principal but sera de vous remuer & de vous rendre sensibles, bien loin de penser qu’il n’excite les passions que par hasard, il faudroit croire au contraire que ce seroit par hasard, s’il ne les excitoit pas. […] Les premiers Chrétiens ne recevoient pas de plus grands reproches de la part des ennemis de la Foi, que de ne paroître jamais ni au cirque, ni aux spectacles publics ; c’étoit le principal crime dont on les chargeoit, & nous avons encore les éloquentes apologies qu’ils publioient pour répondre à ces accusations glorieuses : Quelle différence entre vos jeux & nos assemblées ! […] Le premier, le principal de tous, c’est la priere.

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