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57. (1715) La critique du théâtre anglais « CHAPITRE I. L’obscénité du Théâtre Anglais dans le langage. » pp. 1-92

Nos Dramatiques mettent des obscénités dans la bouche même du sexe : les personnages et les pièces que je me suis contenté de nommer en sont des preuves sensibles ; et s’il en était besoin, ces preuves pourraient être multipliées presque à l’infini ; car les Comédies chez nous sont rarement innocentes de ces désordres ; les Tragédies mêmes n’en sont pas toujours nettes. […] Il reste encore à dire pour la gloire de Térence et à notre confusion, que les Courtisanes sont chez lui plus retenues que les femmes d’honneur et de condition à la manière de nos Poètes : Bacchis dans l’Heautontimoreumenos et Bacchis dans l’Hécyre en sont des preuves ; leurs paroles sont mesurées à la modestie inséparable du sexe, et non à leur profession. […] Mais la rareté même de ces sortes d’exemples dans ce Poète est une preuve efficace pour l’affaire présente ; et son témoignage est d’autant plus fort qu’il est plus précis. […] Que Socrate ne fut point Athée, c’est ce qui paraît assez certain par les preuves que j’en viens d’apporter : j’y joins encore celle-ci, décisive toute seule ; c’est la confiance qu’il avait en cet Esprit,Plat. […] J’avoue néanmoins que l’intérêt de la vertu n’a pas toujours été l’objet de leur plume : mais au regard de Fletcher en particulier, il me suffit que ses derniers Ouvrages soient les plus honnêtes ; c’est une preuve ou que ce Poète s’est corrigé, ou que les endroits répréhensibles dans ses Comédies étaient de la façon de Beaumont, lequel mourut avant Fletcher.

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