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28. (1788) Sermons sur les spectacles (2) « Sermons sur les spectacles (2) » pp. 6-50

Disons mieux, mes Frères, la patience avec laquelle on écoute de tels discours, & la basse complaisance avec laquelle on y applaudit, sont la preuve la plus complète de la dépravation & de l’avilissement de la nation. […] Combien d’autres preuves ne pourrois-je point ajouter à celle-ci ? […] Est ce de la part de celles qui laissent les Comédiens sous l’anathême, un excès de rigueur ; ou n’est-ce pas plutôt, de la part de celles qui les en affranchissent, une preuve de relâchement & un oubli des règles anciennes ? […] Vous vous trompez, mes Frères, & je n’en veux point d’autre preuve que le plaisir même que vous y trouvez. […] Par conséquent lorsque vous vous plaisez à voir la représentation d’une intrigue amoureuse & à entendre le langage de la passion, c’est une preuve que cette passion n’est pas à vos yeux ce qu’elle est à ceux de la religion, c’est-à-dire, une passion honteuse & criminelle : & y a-t-il donc tant de distance entre approuver une passion, l’aimer & la ressentir ?

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