Les theatres se sont relevez de leurs ruines, ils renaissent, ils subsistent, ils triomphent aprés les coups & malgré les coups de foudre, & sur tout depuis que nous ne pouvons plus reprocher aux Fideles, qu’ils trahissent leur foy, & qu’ils renoncent à leur religion, en allant avec les Payens ; & en demeurant avec eux, afin de prendre des divertissemens établis aussi bien pour honorer leurs Dieux, que pour recréer les hommes. […] Cette patience est toute à luy, puisqu’elle endure tout pour luy ; elle doit s’attendre à estre punie eternellement avec luy, puisqu’elle est cause des crimes comme luy, & qu’en n’agissant pas pour les empescher, elle ne contribuë pas moins à les produire, qu’il y contribuë par les soins qu’il prend pour les faire commettre. […] David considere une Dame, David prend tant de feu par les yeux, dit saint Jean Chrysostome, que toute sa vertu cede à la violence de cette flâme impudique. […] Mettez un flambeau allumé dans la paille, si elle ne brûle point, j’avoueray qu’un cœur plus disposé à brûler que la paille peut estre penetré du feu, & en prendre de tous côtez sans aucune brûlure. […] Les bons prennent quelquefois le goût du mal en voyant representer ces Pieces ambiguës, le mal s’insinuë jusques dans leur cœur, à la faveur de ces belles apparences, sans qu’ils s’en soient presque apperçus : Des ennemis déguisez sont quelquefois dans le cœur de la ville, sans que personne les ait vû entrer ; & comme on ne reconnoist que ce sont les ennemis, que quand ils commencent à tuer, à brûler, à piller, ces personnes ne remarquent les méchantes qualitez de ces Pieces, que quand leur cœur est pris, & qu’il est passé de la vertu à l’indifference, de l’indifference au peché, du peché quelquefois à la coûtume, à l’insensibilité, à l’impudence.