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28. (1836) De l’influence de la scène « De l’influence de la scène sur les mœurs en France » pp. 3-21

Athènes, dans sa prévoyance, arrêta cette licence et plaça le théâtre, encore dans son enfance, sous la direction de son premier archontea. […] Un second décret corrigea la méprise du premier, interdit les personnalités ; et par un troisième, toute offense envers les magistrats fut défendue. […] Châtiment sévère, il faut en convenir, pour un refus de soumission à la censure du premier archonte et à la loi protectrice de ceux qui tenaient les rênes du gouvernement. […] Les deux grandes figures de ce drame sont Marguerite et Buridan, son premier amant. […] J’appelle influence expansive ce qui développe le germe d’une passion ou d’un goût ; et il est incontestable que les sujets dramatiques actuels, par eux-mêmes et les formes qu’on leur donne, substituent l’horreur à la terreur qui suffisait autrefois pour émouvoir profondément : la conséquence de cette innovation s’aperçoit par la préférence que le public accorde aux nouvelles compositions sur nos premiers chefs-d’œuvre : si quelquefois encore on représente au Théâtre Français une tragédie de Corneille ou de Racine, la salle est toujours vide, ce qui pourrait faire craindre que la licence de la scène ne se glissât un jour dans les mœurs et qu’on ne sifflât pas toujours sur la place publique ce qu’on tolère aujourd’hui au théâtre.

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