Qu’après avoir tiré des discours ou des écrits d’un honnête homme des conséquences sophistiques et désavouées, un Prêtre acharné poursuive l’Auteur sur ces conséquences, le Prêtre fait son métier et n’étonne personne : mais devons-nous honorer les gens de bien comme un fourbe les persécute ; et le Philosophe imitera-t-il des raisonnements captieux dont il fut si souvent la victime ? […] Je pourrais imputer ces préjugés aux déclamations des Prêtres, si je ne les trouvais établis chez les Romains avant la naissance du Christianisme, et, non seulement courants vaguement dans l’esprit du peuple, mais autorisés par des lois expresses qui déclaraient les Acteurs infâmes, leur ôtaient le titre et les droits de Citoyens Romains, et mettaient les Actrices au rang des prostituées. […] Les Prêtres païens et les dévots, plus favorables que contraires à des Spectacles qui faisaient partie des jeux consacrés à la Religion,32 n’avaient aucun intérêt à les décrier, et ne les décriaient pas en effet. […] Comme la Tragédie avait quelque chose de sacré dans son origine, d’abord ses Acteurs furent plutôt regardés comme des Prêtres que comme des Baladins. 3°. […] Si jamais on pouvait établir la paix où règnent l’intérêt, l’orgueil, et l’opinion, c’est par là qu’on terminerait à la fin les dissensions des Prêtres et des Philosophes.