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108. (1775) Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre dix-septieme « Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. — Chapitre II. L’Arétin, le Tasse, l’Arioste. » pp. 38-79

Si l’on veut bien peser tout ce qui s’est dit du grand Corneille, de l’immortel Racine, de l’inimitable Moliere, du sublime Voltaire, du fameux Baron, de la charmante le Couvreur, soit dans des vers qu’on leur a fait, soit dans des dissertations sur les matieres théatrales, soit dans les discours présentés aux Académies, à l’honneur de Moliere & de Lafontaine, par les Sieurs Laharpe & Champfort, &c. on y trouvera les mêmes fatuités, non-seulement jettées au hasard dans quelques lettres obscures, mais très-sérieusement, avec réflexion établies & présentées au public, avec tout l’appareil de la démonstration géométrique. […] L’éloge que j’ai fait de Jules III présente quelque chose de divin. […] Apollon lui présenta une corbeille pleine de couronnes  : Je te donne celle de myrthe pour les discours que tu prêtes aux courtisannes, celle d’orties honorera tes satyres contre le Clergé, celle d’épines appartient à tes livres pieux, celle de fleurs est le prix de tes agréables comédies, le cyprès est pour les noms que tu dévoues à la mort, l’olive pour tes utiles exhortations, le laurier couronnera tes poësies héroïques, celle de chêne est due à ton courage. […] Le mot détestable, & l’idée qu’il présente, déplaira sans doute aux gens du monde, aux amateurs du théatre, pour qui la licence n’est rien moins qu’un crime, pour qui même elle est un mérite, pourvu qu’on ait soin de la couvrir d’expressions décentes : mais ce n’est pas moi ; c’est l’Abbé de Chaulieu, homme non suspect en matiere de licence, qui pense ainsi de l’Art d’Ovide. […] L’Arioste ayant présenté son poëme au Cardinal d’Est son Mécene, celui-ci, après l’avoir lu, lui dit : Où diable avez-vous pris tant de balivernes ?

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