Et il ajoute, que s’il avait à faire à quelque moins habile homme, ou à quelque faux dévot, qui pour se donner des airs de réformateur aurait la témérité de rejeter la doctrine de saint Thomas, comme opposée à la morale des Pères, et peu conforme en quelques endroits aux maximes les plus pures de la Religion, il n’aurait pas de peine à lui fermer la bouche, et à lui apprendre à porter à la doctrine de ce saint Docteur toute la vénération qu’elle mérite, et que les Conciles, les Souverains Pontifes, et tous les grands Hommes qui l’ont suivi, n’ont pu lui refuser. » Après ces magnifiques paroles, et quelques autorités bonnes ou mauvaises qu’il allègue en faveur de la doctrine de saint Thomas : « Lisez, je vous prie, avec attention, dit-il à son Ami, ce que ce grand Docteur enseigne de la Comédie dans la seconde partie de sa Somme, où il explique bien des choses que les personnes scrupuleuses devraient savoir pour assurer le repos à leur conscience. » Voilà donc saint Thomas travesti en Médecin qui guérit des scrupules, et qui va servir de truchement à notre Docteur. […] Il est vrai que je n’en puis porter un jugement bien décisif, puisque je n’y suis jamais allé ; et qu’étant Prêtre, et que devant l’exemple aux Fidèles, je ferais autant de scrupule de m’y trouver que dans aucune autre assemblée du monde, dont notre état nous doit éloigner : mais il y a trois moyens pour savoir ce qui s’y passe ; et je me suis servi de tous les trois. » Cette nouvelle entrée du Docteur, si on y prend garde, a quelque chose qui ne lui est pas ordinaire ; il y paraît modeste et scrupuleux. […] Et ainsi aller à la Comédie ce jour-là, ce n’est point garder la circonstance des temps que saint Thomas et Albert le Grand veulent être observée dans l’usage des jeux ; quand d’ailleurs la Comédie ne porterait pas les marques de sa réprobation, même pour les autres jours.