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150. (1776) Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre dix-huitieme « Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. — Chapitre III. Suite de Mêlanges. » pp. 84-120

Il y a une infinité d’airs & de danses qui lui sont analogues, qui caractérisent les passions & les états : ils en portent le nom, l’Arléquine, la Matelotte, la Paysanne, la Badine, le Réveil-matin, &c. […] Les corps militaires des anciens les rapportoient à quelques batailles, ou à quelque belle action, dont ils portoient le nom ; ils portent aujourd’hui le nom de quelque femme, de quelque Opera, des Ariettes des Italiens. […] Combien d’autres qui ne portent que le nom d’une femme, Zaïre, Athalie, Psyché, Armide, Mariamne, Semiramis, &c. quoique les hommes y jouent d’aussi grands rôles. […] Dans un autre pot-pourri de prédictions, au commencement du regne de Louis XVI, dont les papiers publics ont fait un grand étalage, & qui n’est qu’une répétition déguisée de l’ancien vaudeville, Et tout s’en va cahin, caha, & de vingt autres que Panard & les Italiens ont fait en divers temps, on trouve ce couplet : Désormais l’acteur, loin de trancher d’un ton de prince, sans air protecteur, recevra le modeste auteur ; Chloé, qu’on vit si mince, dans son éclat, se souviendra des sabots que jadis en Province elle porta, & n’attendra pas pour se corriger qu’on la pince , &c. […] L’homme instruit qui, vers sa quarantieme année, se dégoûte ordinairement de la Tragédie qu’il voit peuplée d’êtres factices, découvre une certaine profondeur dans les pieces de Moliere ; il quitte le romanesque pour porter son attention sur des passions plus réelles & des caracteres qu’il peut trouver dans le monde.

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