/ 400
96. (1776) Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre dix-huitieme « Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. — Chapitre III. Suite de Mêlanges. » pp. 84-120

Les auteurs comme les arbres ne donnent qu’une espece de fruit ; Lafontaine, disoit-on, est un Fablier, il produit des Fables ; Moliere est un Farcier, il porte des Farces, encore en est-il de bien véreuses. […] C’est dommage en effet que le Théatre laisse encore quelque légere décence, & ne porte pas aux derniers excès. […] La distinction de permission verbale ou par écrit, la révocation demandée & obtenue sur le champ par Lathorilliere, sont des contes ; l’embarras de Moliere, par le refus de jouer que firent ses deux femmes, dont la premiere n’étoit point actrice, & la seconde de s’en faisoit un honneur, quoique, dit-on, la piece fût annoncée, & que la foule assiégeât la porte de la Comédie. […] Lafontaine parle, raconte, il porte par-tout sa physionomie ; Moliere fait parler & agir : il doit donner à chaque acteur la physionomie de son rôle. […] C’est dans la vérité un Fablier, un arbre qui porte des fables ; son fruit est toujours de la même espece, & souvent fort verreux.

/ 400