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87. (1773) Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre treizieme « Réflexions morales, politiques, historiques,et littéraires, sur le théatre. — Chapitre II.  » pp. 36-74

Presque tous les Interprettes conviennent que ce passage est la condamnation du fard & des ornemens que les femmes emploient pour parer leur sein & leur visage, parure que l’Esprit saint appelle des fornifications & des adulteres, parce qu’elles sont l’attrait le plus puissant qui y porte les hommes, & l’effet ordinaire du péché commis par les femmes, soit par les pensées dont elles sont remplies en le faisant, soit par le desir d’en exciter de pareilles dans ceux qui les voient. […] Tout cela est très-vrai ; cependant comme le visage & le sein ne sont pas les seuls objets de l’idolatrie, & que l’idolatrie ne se porte pas sur le sein & sur le visage, le Saint-Esprit va plus loin ; il entend, non l’idolatrie & l’impureté consommée, mais la parure artificielle & excessive qui induit au péché en rendant la beauté plus dangereuse. […] Elle l’est encore dans l’ordre moral aux yeux du Chrétien & du Sage, même dans la plus grande beauté, chacun de ses cheveux, chacune de ses graces, par le poison du plaisir qu’il répand dans le cœur, est un vrai serpent qui porte le coup mortel dans l’ame. […] Minerve l’applique sur sa poitrine, & la porte partout. […] Le mot Virginei vultus qu’on leur donne est un mensonge, il est rare que même une débutante y ait droit ; on leur a fait acheter leur reception, car pour celles qui ont servi quelque temps sur le Teatre, il n’en est point qui porte un visage vierge, la virginité s’en est depui longtemps envolée.

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