Les Anciens avaient plusieurs sortes de Machines dans leurs Théâtres : outre celles qui étaient sous les portes des retours pour introduire d’un côté les Dieux des bois & des campagnes, & de l’autre les Divinités de la mer, il y en avait d’autres au-dessus de la Scène pour les Dieux célestes, & de troisièmes sous le Théâtre pour les Ombres, les Furies & les autres Divinités infernales. […] Celles qui étaient sur les portes des retours, étaient des machines tournantes sur elles-mêmes, qui avaient trois différentes faces, & qui se tournaient d’un ou d’autre côté, selon les Dieux à qui elles servaient. […] Ainsi il falait qu’il y en eût au moins dix feuilles sur la Scéne, huit de face, & deux en aîles ; & comme chacune de ces feuilles devait fournir trois changemens, il falait nécessairement qu’elles fussent doubles, & disposées de manière, qu’en demeurant pliées, elles formassent une des trois Scènes, & qu’en se retournant ensuite les unes sur les autres, de droite à gauche, ou de gauche à droite, elles formassent les deux : ce qui ne peut se faire, qu’en portant de deux en deux sur un point fixe commun, c’est-à-dire en tournant toutes les dix sur cinq pivots placés sous les trois portes de la Scène, & dans les deux angles de ses retours. […] Comme le Spectacle chez les Anciens, se donnait dans des occasions de Fêtes & de triomphes, il demandait un Théâtre immense, & des Cirques ouverts ; mais comme parmi les Modernes, la foule des Spectateurs est médiocre, leur Théâtre a peu d’étendue, & n’offre qu’un édifice mesquin, dont les portes ressemblent parmi nous, aux portes d’une prison, devant laquelle on a mis des Gardes.