Surprise avec lui dans sa chambre, & ensuite pendant la nuit dans un bois, au lieu d’en être couverte de confusion, elle se moque de son mari & l’insulte, & se tire si bien d’affaires par ses fourberies, qu’elle en est récompensée & passe pour une Lucrèce, & le mari est forcé de lui demander pardon à genoux, ainsi qu’à son amant, sous le bâton du beaupère, vieux gentilhomme ridicule, qui avec sa femme porte l’entêtement de sa noblesse à un excès sans vrai-semblance. […] Boileau & Madame Dacier n’estimoient pas cette piece du côté littéraire, & il y a véritablement des défauts ; mais ce qui ne sera contesté de personne de bonne foi, & qui seul est l’objet de nos réflexions, c’est que c’est une piece scandaleuse qui porte les coups les plus mortels à la sainteté du mariage. […] Il les éloigne un peu, leur porte tour à tour la parole, les trompe tous les deux par les mensonges les moins vrai-semblables. […] Il a tombé du ciel je ne sais quel homme venu de Naples, qui reconnoît je ne sais quelle fille perdue dans un naufrage, livrée au hasard à je ne sais qui, reconnue dans l’instant, sans autre perquisition, au moyen d’un rubis & d’un brasselet qu’elle porte : Deus in machina. […] Dans tout cela il y a encore moins de bonnes mœurs : la fripponnerie des domestiques, l’insolence des enfans envers leurs pères, leur licence dans leurs passions, la liberté entiere de leurs mariages, sont dans la société des désordres incomparablement plus grands que les ridicules de l’avarice, fussent-ils poussés aux excès où on les porte, aussi peu vrais que vraisemblables.