Ce mauvais goût gâte les pieces, il fait gémir la vertu ; les prix dramatiques sont l’ouvrage de l’Académie françoise, qui, en couronnant l’éloge de Moliere, a prostitué ses lauriers, un siecle après sa mort, à celui qu’elle avoit méprisé pendant sa vie ; jugement qui porte atteinte aux bonnes mœurs en donnant lieu d’en estimer le corrupteur & tous ceux qui se piquent de l’imiter. […] Le Chef du Corps-Municipal vint de Besançon avec les Compagnies bourgeoises, se rendit chez la Rosiere où se trouverent les Juges & le cortege tout formé, la prit par la main & la mena à l’Eglise avec celle qui avoit l’accessit : le Curé la reçut à la porte de l’Eglise & lui fit ce petit discours : Vous avez grand sujet de vous réjouir, ma chere fille, puisque ce jour est pour vous un jour de triomphe, mais votre joie doit être sainte ; c’est moins à vous qu’à la vertu qu’on rend hommage, & vous devez l’honorer en vous par une modestie soutenue. […] Un soldat alla avec son épée graver ces mots avec attendrissement sur la porte de la Rosiere : ci git la vertu, comme on en vit à Strasbourg aller aiguiser leur sabre sur le Tombeau de marbre du Maréchal de Saxe en s’écriant : ci git la valeur. […] L’Orateur qui devoit la complimenter marchoit le dernier, après lui, les musiciens qui resterent à la porte : les garçons entrerent, firent un cercle autour de la Rosiere, un d’eux lui parla en ces termes : Vertueuse Rosiere !