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84. (1725) Mr. de Moliere [article des Jugemens des savans] « Mr. de Moliere, » pp. 339-352

Poëte François. […] Mais pour ne rien entreprendre sur les devoirs de nos Pasteurs & des Prédicateurs de l’Evangile, j’abandonne le Comédien pour ne parler ici que du Poëte Comique, & pour rapporter de la maniére la plus succinte & la plus seche qu’il me sera possible, quelques-uns des jugemens que nos Critiques Séculiers & Réguliers en ont porté, Mr. […] Bouhours, par le jugement avantageux qu’il semble en avoir fait dans le Monument qu’il a dressé à sa mémoire, où après l’avoir appellé par rapport à ses talens naturels2, Ornement du Théâtre, incomparable Acteur,   Charmant Poëte, illustre Auteur, Il ajoute pour nous précautionner contre ses Partisans & ses admirateurs, & pour nous spécifier la qualité du service qu’il peut avoir rendu aux Gens du Monde,   C’est toi dont les plaisanteries Ont gueri des Marquis l’esprit extravagant. […] Voilà peut-être tout ce qu’on peut raisonnablement éxiger d’un Critique judicieux qui n’a pu refuser la justice que l’on doit à tout le monde, & qui n’a point cru devoir blâmer des qualités qui sont véritablement estimables, non seulement parce qu’elles viennent de la Nature, mais encore parce qu’elles ont été cultivées & polies par le travail & l’industrie particuliére du Poëte. […] Il faut avouer qu’il parloit assés bien François ; qu’il traduisoit passablement l’Italien : qu’il ne copioit point mal ses Auteurs, mais on dit peut-être trop legerement, qu’il n’avoit point le don de l’invention, ni le génie de la belle Poësie2, quoique ses amis même convinssent que dans toutes ses Piéces le Comédien avoit plus de part que le Poëte, & que leur principale beauté consistoit dans l’Action.

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