Une société de littérateurs a entrepris aussi une traduction en françois du même poëte. […] Un poëte soi-disant, amant de la jeune comédienne, a célébré ses talens comiques par des vers pesans, à la vérité, & trop sérieux pour cette farce. […] Ce n’est pas sans doute le coup d’essai de la jeune actrice, elle a plus d’une fois brillé au spectacle, pour avoir si bien le ton, les allures, l’esprit des coulisses, sur-tout du théatre comique, connu & choisi ces deux pieces ; elle s’est plus d’une fois exercée sur les théatres de société ; elle doit avoir appris en perfection la poësie, la musique, la danse, l’art dramatique, pour composer des prologues charmans ; sur-tout elle doit bien connoître le goût de son pere, pour avoir cru lui plaire, en lui souhaitant la bonne année par des farces ; & le pere qui a souffert ces exercices, ces assemblées d’acteurs & d’actrices, qui a fait la dépense de ce théatre, qui a permis & approuvé ces vers galans, & les a fait mettre au Mercure, qui a souffert les assiduités de ce poëte amoureux, les parens & les amis qui ont célébré cette fête, tous ces gens-là sont bien enthousiasmés du Théatre. […] Il fit quelques comédies : pour en faire pénitence, il quitta le monde, & passa chez les PP. de Sainte Génevieve les douze dernieres années de sa vie ; il y composa quelques bons livres, entr’autres il fit une édition des Œuvres choisies de Rousseau, supprimant ce qu’il y a de mauvais dans ce poëte, qui a si souvent abusé de ses talens.