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82. (1773) Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre quatorzieme « Réflexions morales, politiques, historiques, et littérairesn sur le théatre. — Chapitre IV [III]. La Grange & Destouches. » pp. 90-114

Il avoit de l’esprit ; on trouve quelquefois des vers heureux, des scenes bien dialoguées, des intrigues ingénieusement développées ; de l’invention dans quelques plans, en géméral, un style lâche, diffus, dur, prosaïque, plein de lieux communs, point d’élévation, de force, de coloris. […] Cet Auteur étoit si plein de cet objet que ses amours lui avoient rendu personnel, qu’on voit dans ses piéces je ne sai combien de mariages clandestins, qu’il fait toujours approuver par les parens, à l’insçu & contre la volonté desquels ils ont été contractés, & que dans le cours de la piéce on conseille, on justifie cette morale. […] Il y a même des scenes qui ne devoient pas être employées pour lui, mais pour un Chevalier, son éleve, qu’on ne nomme pas, mais qui plein de fureur poëtique dans l’âge le plus tendre s’avisa de faire des comédies prit Destouches pour son maître, & se livra à sa conduite. […] Les piéces de Destouches n’étant la plûpart que des avantures réelles mises en drames, & non des inventions de génie, il en est plein, parle de l’abondance du cœur, & devient froid.

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