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76. (1675) Traité de la comédie « XI.  » pp. 288-289

 » C'est pourquoi, quelque honnêteté qu'on se puisse imaginer dans l'amour d'une créature mortelle, cet amour est toujours vicieux et illégitime, lorsqu'il ne naît pas de l'amour de Dieu ; et il n'en peut naître lorsque c'est un amour de passion et d'attache, qui nous fait trouver notre joie et notre plaisir dans cette créature. […] Elles ne prennent plaisir d'être l'objet de leur passion : elles sont bien aises qu'on s'attache à elles, qu'on les regarde avec des sentiments non seulement d'estime, mais de tendresse ; et elles souffrent sans peine qu'on la leur témoigne par ce langage profane que l'on appelle cajolerie. C'est pourquoi, quelque soin que l'on prenne de séparer de la Comédie et des Romans ces images des dérèglements honteux, l'on n'en ôtera jamais le danger, puisque l'on y voit toujours une vive représentation de cette attache passionnée des hommes envers les femmes, qui ne peut être innocente; et que l'on n'empêchera jamais que les femmes ne s'y remplissent du plaisir qu'il y a d'être aimées et d'être adorées d'un homme ; ce qui n'est pas moins dangereux, ni moins contagieux pour elles que les images des désordres visibles et criminels.

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