Sinon un vain plaisir qui sera d’autant plus vif que la pièce tracera plus fidèlement le portrait de nos maladies secrètes, dont elle est l’attrait et la pâture, « plena, comme dit saint Augustin, fomitibus miseriarum mearum », j’avoue que l’histoire intéresse de même le lecteur dans les actions qu’elle représente, et qu’il est malaisé de lire la Romaine, sans détester les cruautés de Marius et de Sylla, la profonde dissimulation de Tibère, aimer la clémence d’Auguste, sans grossir le parti de Pompée contre César, mais quelle erreur de ne savoir pas distinguer entre l’art de décrire les méchantes actions pour en inspirer de l’horreur, et celui de peindre des passions tendres, agréables, délicates, d’une manière qui en fasse goûter le plaisir, ne doit-on pas avoir quelque honte de confondre deux choses si opposées ? […] Si on pouvait ainsi se prévaloir du silence de Jésus-Christ, on justifierait les combats sanglants des gladiateurs et quantité d’autres dérèglements qui régnaient alors dans le monde, et dont il parle aussi peu, sa mission était bornée au peuple Juif qui était demeuré dans sa première simplicité, et n’avait jamais été tenté d’imiter les Romains et les Grecs dans ces divertissements profanes, accoutumé dans son domestique à des plaisirs plus innocents et plus tranquilles, il ne leur enviait pas ces plaisirs aussi dangereux que tumultueux. […] Au lieu de considérer les frivoles merveilles des hommes, arrêtez-vous à celles de Dieu, contemplez-les, ce sont des miracles d’une sagesse toute divine dont la vue devrait causer un plaisir toujours nouveau, les livres sacrés vous en fournissant encore de beaucoup plus admirables.