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167. (1738) Sentimens de Monseigneur Jean Joseph Languet Evéque de Soissons, et de quelques autres Savans et Pieux Ecrivains de la Compagnie de Jesus, sur le faux bonheur et la vanité des plaisirs mondains. Premiere partie « Sentimens de quelques ecrivains De la Compagnie de Jesus, Touchant les Bals & Comedies. Premiere Partie. — Entretien troisieme. Le danger des Bals & Comedies découvert par l’Auteur des Sermons sur tous les sujets de la morale Chrétienne de la Compagnie de Jesus. » pp. 26-56

Car comme il n’y a guere de divertissement, ni de spectacle plus agreable aux gens du monde, quelque soin qu’on ait prit de la rendre plus honnête, n’y voit-on pas encore le plaisir le plus criminel paré de tous ses attraits ? […] Et bien, me direz-vous, il est à propos que ces personnes sacrifient leur plaisir & leur divertissement à l’interêt public, & au salut de leurs freres. […] Je fonde, Messieurs, ce danger sur ce que ces spectacles nous mettant devant les yeux tout ce que le monde a de plus contagieux, il est toûjours à craindre que ceux qui y trouvent tant de plaisir, ne se conforment enfin à cet esprit du siecle & du monde, que Saint Paul juge si pernicieux aux Chrétiens, qui y ont si solemnellement renoncé : Nolite conformari huic sæculo. […] N’est-ce pas plûtôt déja une marque qu’on y est fortement attaché, que d’y demeurer avec plaisir, d’y courir avec empressement, d’y passer les jours & les nuits, & de n’avoir point de plus grand divertissement ? […] ou du moins n’y a-t-il point de danger que leur cœur ne s’y corrompe par le plaisir même qu’ils ont a le voir ?

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