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158. (1686) La Comédie défendue aux chrétiens pour diverses raisons [Traité des jeux et des divertissemens] « Chapitre XXV » pp. 299-346

On y chante des airs qui ne tendent pour l’ordinaire qu’à allumer un feu qui ne brûle déja que trop, & que la foi nous oblige d’éteindre ; les jeunes gens de l’un & de l’autre sexe s’y assemblent & s’y placent confusément ; les filles & les femmes y vont pour voir & pour estre vûës ; les Chantres n’y sont pas des mieux réglez dans leurs mœurs, ni les Chanteuses des plus modestes dans leurs habits ; on y passe un temps considerable qu’on pourroit emploïer plus utilement ; enfin on n’y cherche que le plaisir pour le plaisir & que le divertissement pour le divertissement. […] Secondement, parce que le plaisir & le divertissement que l’on y prend ne s’accorde nullement avec ces paroles de Tertulliena : C’est une grande sensualité à des Chrêtiens « de chercher leurs plaisirs en ce monde, ou plûtôt c’est une étrange manie de considerer comme un véritable plaisir les voluptez de ce siecle. […] Nous sommes si éloignez de pouvoir vivre sans plaisir, que même nous devons trouver du plaisir dans la mort. […] Car enfin quel plaisir peut on se faire d’un divertissement qui fatigue plus qu’il ne soulage, & qui n’est pas moins ridicule qu’il est honteux ? […] « Quand on se trouve dans un régale extraordinaire & hors de saison, dans un lieu de divertissement & de plaisir, la derniere chose dont s’avise c’est de danser.

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