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1. (1759) Remarques sur le Discours qui a pour titre : De l’Imitation par rapport à la Tragédie « Remarques sur le discours qui a pour titre : De l’Imitation par rapport à la Tragédie. » pp. 350-387

Nous nous plaisons souvent à voir la peinture de notre propre foiblesse, quand elle est du nombre de celles dont les spectacles nous apprennent à ne plus rougir. […] C’est une espéce de Musique qui plaît naturellement à notre ame par les sons & par leurs rapports, mais qui lui plaît encore parce qu’elle forme une espéce de Langue différente qui réveille bien plus notre attention que celle qui nous est plus familiere. […] On est frappé de ce que l’on voit, ou que l’on entend dire, & l’on se plaît à l’imiter ; on se croit assuré de plaire en imitant ce qui est à la mode. […] Comme les objets de cette espece sont bien éloignés d’avoir aucun attrait par eux-mêmes, & que la nature n’y a rien mis du sien pour nous plaire, elle a laissé tout à faire au Peintre dont l’Art est la seule chose que l’on puisse admirer dans ces sortes d’images, parce qu’elles ne nous plaisent que par le seul rapport & par la conformité parfaite de la copie avec l’original. […] L’esprit qui se plaît à agir, comme je l’ai déja observé, croit agir davantage quand il découvre des rapports, que quand il apperçoit les premieres idées des choses.

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