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264. (1773) Réflexions morales, politiques, historiques et littéraires sur le théatre. Livre quinzieme « Réflexions morales, politiques, historiques, et littéraires, sur le théatre. — Chapitre V. Du Faste. » pp. 154-183

Les Lettres Juives 2 & 12 peignent ainsi le goût de la parure : les femmes & les petits maîtres le poussent à un point surprenant, un Général d’armée ne délibère pas avec plus d’attention dans un conseil de guerre sur le succès d’une bataille ; qu’une coquette examine avec ses femmes de chambre la bonne grâce de sa robe & de sa coëffure ; le succès d’une mouche placée au coin de l’œil pour le rendre plus vif, ou auprès de la lèvre pour la rendre plus vermeille, c’est une affaire qui mérite la plus profonde attention ; vingt miroirs sont consultés avant de choisir sa place. […] De retour au Palais, il donna un festin à cette troupe de Nains, il y avoit deux petits dais de soie au-dessus des places des nouveaux époux qui avoient une petite table séparée de celle des autres ; les filles Naines qui avoient servi de conductrices, avoient des couronnes de laurier ; il y avoit pour servir un Maréchal & huit sous-Maréchaux, tous Nains : l’Écuyer tranchant avoit une cocarde, cette troupe de petites personnes étoit au milieu de la salle, l’Empereur, les Princes, les Princesses & toute la Cour dînoient dans la même salle, à des tables rangées le long des murs, comme elles le sont dans un réfectoire de Religieux, & rioient des saillies de leurs Nains qui faisoient plus de bruit à mesure qu’ils buvoient les santés.

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