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64. (1765) Réflexions sur le théâtre, vol. 3 « Chapitre I. Est-il à propos que la Noblesse fréquente la Comédie ? » pp. 3-19

Il a dansé, chanté, représenté des comédies ; son plus grand plaisir a été de jouer le rôle d’un infâme baladin, de remporter une couronne d’acheb chez les Grecs, de se livrer aux regards de l’amphithéâtre : « Gaudentis fœdo peregrina ad pulpita saltu, prostitui Graiœque apium meruisse coronæ. » Allez donc, illustre Héros, arborer vos glorieux trophées, mettez vos couronnes aux pieds de la statue de votre père Domitien, le masque et l’habit d’Acteur que vous portiez quand vous faisiez le personnage d’Antigone et de Thyeste, et suspendez votre luth à la statue colossale que vous vous êtes fait élever : « Ante pedes Domiti longum tu pone Thyestæ syrma, et de marmoreo citharam suspende colosso. » Voudrait-on vous excuser par l’exemple d’Oreste, qui tua sa mère ? […] Il se trouve, j’en conviens, des Orateurs bas et mercenaires, qui n’osent ouvrir la bouche, qui flattent quelquefois les Grands jusqu’aux pieds des autels, par de vains compliments que l’Eglise tolère, qu’elle ne peut entièrement interdire, parce qu’ils sont devenus d’une bienséance d’usage, qu’ils peuvent être, et qu’ils sont souvent faits avec dignité. […] Les premiers Empereurs Chrétiens, Constantin et ses enfants, en bannirent toutes les infamies que le paganisme y avait souvent tolérées, et le mirent sur le pied où nous le voyons, peut-être même fut-il plus régulier qu’il ne l’est aujourd’hui.

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