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27. (1685) Dixiéme sermon. Troisiéme obstacle du salut. Les spectacles publiques [Pharaon reprouvé] « La volonté patiente de Dieu envers Pharaon rebelle. Dixiéme sermon. » pp. 286-325

Et confessez que la comedie qui a été substituée aux anciens spectacles des Payens, étant un reste d’idolatrie, on fait en quelque maniere autant d’honneur au diable & de deshonneur à la religion, en l’approuvant par leur presence, qu’en brûlant un grain d’encens au pied d’une idole, ou qu’en assistant aux sacrifices des Gentils. […] de l’Eglise de Dieu passer à l’Eglise du diable, du Ciel en Enfer, & du pied des autels au pied d’un theatre. […] Ça, M. c’est icy où je vous appelle au pied du theatre, pour y renouveller dans vôtre esprit, non pas un souvenir criminel, mais un souvenir innocent de tous les divers objets qui y ont frappez vos sens, & de tous les divers mouvemens qui y ont agitez vôtre ame. […] Car de bonne foy, pouvez-vous nier qu’une comedie representée sur un theatre ne soit pas veritablement cette, mollis & delicata Regina, cette Reine molle & delicate, assise sur son trône ; & pouvez-vous encore desavoüer que toutes les vertus ne soient prosternées au pied du trône de cette voluptueuse Princesse, pour en recevoir la loy, & pour obeïr à ses commandemens. […] , les crimes sont consacrés par les exemples des grands, ils deviennent religieux & venerables aux peuples, quand ils sont commis par des personnes distinguées par leur naissance, & par leur condition, & vous diriés qu’une chose est devenuë permise, si-tôt qu’elle s’est renduë publique : c’est pour cela que la sale de la comedie est toûjours remplie de monde, pendant que nos Eglises sont desertes, & ressemblent à des solitudes, & que le Comedien verra plus d’auditeurs au pied de son theatre, que tous les Predicateurs aux pieds de leurs chaires.

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